Nicolas Treatt (1927-2010)
Un nom qu’il gagne à Hollywood. T comme théâtre. Treatt pour Tretiakov. Un nom de scène ne dérobe pas une identité, il la multiplie selon l’angle de vue. La biographie de Nicolas Treatt mord sur cinq continents. Né en Mandchourie, d’exilés russes blancs, grandi en Australie, il parcourt le monde pour chercher sa raison d’être : apprentissage du portrait à Hollywood sur les plateaux. Maîtrise de la technique à l’école suisse de Vevey. Puis arrivée à Paris où la découverte du théâtre en 1960 lui crée un point d’ancrage, sa rencontre avec Patrice Chéreau en 1965, alors tout jeune metteur en scène, un bouleversement.
Depuis, il n’aura de cesse que de poser son regard sur le théâtre et la vie. Quatre décennies durant, il verra le monde comme on écoute la mer dans un coquillage. La coque des plateaux, monde et reflet, avec le photographe en chasseur d’ombres d’un théâtre sondeur d’énigmes. Le semblant du monde se déchiffre en questions posées à l’infini, les reflets qu’il nous offre tiennent lieu d’inconstantes vérités : le manuscrit est palimpseste. L’hypothèse de nos petites vies ‘entourées de sommeil’ s’écrit en points de suspension. Se perdre en voyages, voyager en pure perte… Dans l’intervalle se pose la fragilité des hommes.
Artisan de la vieille école, Nicolas Treatt faisait tout lui-même, de la prise de vue jusqu’au tirage papier en passant par la fabrication de ses révélateurs. Après avoir capté des milliers de spectacles, le photographe s’est éteint en 2011, laissant derrière lui ces témoins précieux de l’histoire théâtrale française.